Dans une déclaration commune publiée le 21 mars, les représentants des musulmans, des chrétiens et de la religion traditionnelle ont condamné des attaques récentes qui ont visée des lieux de cultes évangéliques et animistes. Ils appellent à préserver la coexistence pacifique entre les religions dans le pays.
"Nous condamnons tous les actes d'intolérance religieuse dans le pays et demandons qu'il y soit mis fin immédiatement."
Les responsables religieux de Guinée-Bissau s'insurgent dans une déclaration commune publiée le 21 mars 2024.
La cause de leur colère est une hausse des attaques contre les lieux de culte. Ils évoquent "une campagne sans visage, triste et sans précédent" qui a a été "lancée à Bissau pour incendier les lieux sacrés des religions traditionnelles". De même, l’église évangélique de Mindará, un des quartiers de la capitale Bissau, a été incendiée.
Aucune raison apparente ne justifie ces actes s’étonnent les dirigeants du Conseil national islamique, des diocèses catholiques de Bissau et de Bafatá, de l'Union nationale des imams, du Conseil national des églises évangéliques de Guinée-Bissau et de la religion traditionnelle.
La Guinée-Bissau a pourtant une tradition de coexistence pacifique entre les religions. Dans la déclaration, les chefs religieux demandent aux Guinéens de cultiver, exalter et diffuser en permanence "les valeurs traditionnelles de paix et de cohésion sociale du pays".
"La capacité des Bissau-Guinéens à se comprendre et à vivre ensemble dans la diversité remonte aux premiers jours de l'existence des peuples qui composent la mosaïque ethnique et culturelle de la Guinée-Bissau et a été préservée de génération en génération jusqu'à aujourd'hui"."
Les responsables des cultes ont aussi demandé aux autorités d’assurer les conditions de sécurité pour tous les citoyens, notamment pour l'accès à leurs lieux de culte, et encouragé les autorités judiciaires pour qu'elles enquêtent et traduisent en justice les responsables de ces actes d'intolérance religieuse.
L'année dernière, une église catholique de Gabu a été vandalisée, ainsi qu'une mosquée. Selon le père Augusto Mutna Tambá cité par Vatican News, une autre attaque contre une église catholique a eu lieu en octobre dernier lorsque la paroisse Beata Anuarite de cuntum Madina, à Bissau, a été la cible d'un vol et d'une profanation.
Les déclarations communes ne sont pas rares en Guinée-Bissau, signe de la bonne entente entre les religions dans le pays. En 2023, les chefs religieux avaient publié une position commune concernant les élections législatives.
Située sur la côte atlantique de l'Afrique de l'Ouest, la Guinée-Bissau est un petit pays lusophone de 30 000 km2 entre le Sénégal et la Guinée. La religion majoritaire est l’islam, mais les chrétiens représentent entre 10 et 20% de la population.
Jean-Benoît Harel